Les prêts exceptionnels enrichissent-ils la programmation des musées d’art ?

La Joconde voyage-t-elle plus que vous ? L'histoire des prêts exceptionnels dans les musées d'art révèle un ballet complexe de diplomatie culturelle et de bénéfices potentiels pour le tourisme culturel. Ces événements, souvent médiatisés à l'échelle mondiale, sont devenus une composante essentielle de la stratégie des musées modernes. Pourtant, derrière l'éclat de ces expositions uniques, se cachent des défis considérables et des questions fondamentales sur la mission des institutions culturelles, en particulier concernant l'accès à l'art et le financement des musées.

Un prêt exceptionnel se distingue d'un prêt ordinaire par plusieurs aspects et représente un élément clé de la programmation culturelle des musées. Il s'agit généralement d'une œuvre d'une rareté et d'une importance considérables, parfois emblématique et porteuse d'une histoire riche. La durée de ces prêts peut être inhabituellement courte, concentrant l'attention du public sur une période limitée, ou exceptionnellement longue, permettant une intégration plus profonde dans la collection temporaire du musée. La complexité logistique et financière est un autre facteur déterminant, impliquant des coûts élevés en assurance, transport et conservation. Enfin, le niveau d'implication des institutions prêteuses et emprunteuses est souvent très important, nécessitant une collaboration étroite et une confiance mutuelle pour garantir le succès de l'opération. Cette collaboration impacte directement le tourisme culturel local.

Les bénédictions apparentes : avantages des prêts exceptionnels pour la programmation muséale

Les prêts exceptionnels représentent une opportunité unique pour les musées d'art d'enrichir leur programmation, d'attirer un public plus large et de dynamiser le tourisme culturel. L'impact de ces événements sur la fréquentation, la visibilité et la réputation des musées est indéniable. Cependant, il est crucial d'évaluer attentivement les avantages et les inconvénients potentiels avant de s'engager dans une telle entreprise, et de bien comprendre les implications en matière de financement des musées et de programmation culturelle.

Augmentation de la fréquentation et de la visibilité

L'un des avantages les plus évidents des prêts exceptionnels est l'augmentation significative de la fréquentation des musées d'art. L'exposition temporaire d'une œuvre mondialement connue peut attirer des foules considérables, boostant les revenus du musée et sa notoriété. En 2019, le Musée du Louvre a accueilli plus de 9,6 millions de visiteurs, en partie grâce à l'exposition dédiée à Léonard de Vinci qui comprenait des prêts exceptionnels. Ce chiffre représente une augmentation de près de 20% par rapport à l'année précédente, témoignant de l'attrait des expositions de grande envergure. Le musée Reina Sofia à Madrid a vu ses entrées augmenter de 30% lors de l'exposition sur Picasso en 2018, accueillant ainsi plus de 4 millions de visiteurs. Le Guggenheim de Bilbao a enregistré une hausse de 25% de ses visiteurs lors de l'exposition de la collection Thannhauser, prouvant l'efficacité des prêts exceptionnels pour le tourisme culturel. Ces chiffres démontrent l'impact positif des prêts exceptionnels sur la fréquentation des musées, contribuant activement à leur financement et à leur rayonnement international. Selon une étude récente, les musées organisant des expositions avec des prêts exceptionnels connaissent une augmentation moyenne de 15% de leur fréquentation annuelle.

L'impact médiatique de ces événements est également considérable. Les prêts exceptionnels génèrent des articles de presse, des reportages télévisés, des documentaires et une forte présence sur les réseaux sociaux. La couverture médiatique peut toucher un public mondial, augmentant la visibilité du musée et renforçant son image de marque. Le public cible de ces événements est varié : touristes, passionnés d'art, familles et même des personnes qui ne fréquentent habituellement pas les musées. Le prêt exceptionnel peut servir de catalyseur pour attirer de nouveaux publics et les sensibiliser à l'art. De plus, la communication autour de ces événements contribue à promouvoir le tourisme culturel et à dynamiser l'économie locale.

  • Augmentation significative de la fréquentation des musées d'art (+15% en moyenne).
  • Forte couverture médiatique à l'échelle mondiale, boostant le tourisme culturel.
  • Attraction d'un public diversifié, y compris les non-initiés.
  • Renforcement de l'image de marque du musée et de sa programmation culturelle.

Opportunités d'interprétation et de contextualisation renouvelées

Un prêt exceptionnel offre aux musées la possibilité de présenter des œuvres connues sous un nouveau jour. En rapprochant une œuvre de son contexte originel, en révélant des liens avec d'autres œuvres de la collection permanente, ou en suscitant de nouvelles lectures, le musée peut enrichir l'expérience du visiteur et stimuler sa réflexion. Le prêt d'une sculpture antique au British Museum peut permettre de mieux comprendre l'influence de l'art grec sur l'art romain, enrichissant ainsi la programmation culturelle du musée et attirant un public plus large. L'arrivée d'un tableau impressionniste dans un musée d'art moderne peut mettre en évidence les liens entre les différents mouvements artistiques, offrant une perspective nouvelle sur l'histoire de l'art. Ces opportunités d'interprétation contribuent à la mission éducative des musées et à la promotion du tourisme culturel.

Le prêt exceptionnel peut également servir de point de départ pour la création d'expositions thématiques plus larges, explorant des thèmes et des idées connexes. Une exposition sur l'art africain peut être enrichie par le prêt d'une œuvre emblématique provenant d'un musée étranger, permettant de présenter une vision plus complète et nuancée de l'art africain. Une exposition sur la Renaissance italienne peut être complétée par le prêt d'un manuscrit original de Léonard de Vinci, offrant un aperçu unique de l'esprit de la Renaissance. La collaboration entre institutions est un autre avantage important des prêts exceptionnels. En travaillant ensemble, les musées peuvent échanger des connaissances, des ressources et des perspectives, enrichissant ainsi leur programmation et leur expertise et stimulant le tourisme culturel local. Selon l'ICOM (Conseil International des Musées), la collaboration entre institutions est essentielle pour garantir la sécurité et la conservation des œuvres d'art prêtées.

  • Présentation d'œuvres connues sous un nouveau jour, enrichissant la programmation culturelle.
  • Création d'expositions thématiques enrichies, stimulant le tourisme culturel.
  • Collaboration et échange de connaissances entre institutions, garantissant la sécurité des œuvres.

Développement d'un prestige et d'une réputation internationale

L'organisation d'une exposition comprenant un prêt exceptionnel est un marqueur de prestige et de crédibilité pour un musée. Cela témoigne de sa capacité à attirer des œuvres de grande valeur et à les présenter dans les meilleures conditions. Les prêts exceptionnels peuvent également améliorer les relations avec d'autres institutions, favorisant la diplomatie culturelle et la coopération internationale. Le prêt d'une œuvre majeure à un musée étranger peut renforcer les liens entre les deux pays et promouvoir les échanges culturels, contribuant ainsi au tourisme culturel international. En 2022, le Musée du Quai Branly - Jacques Chirac a prêté une collection d'objets rituels au Musée National du Brésil, renforçant les liens culturels entre les deux pays.

Enfin, les prêts exceptionnels peuvent faciliter la levée de fonds en attirant l'attention de mécènes et de sponsors potentiels. Les entreprises et les fondations sont souvent intéressées à soutenir des événements culturels de grande envergure, qui peuvent améliorer leur image de marque et renforcer leur engagement social. Le musée Getty à Los Angeles a pu financer plusieurs expositions importantes grâce au soutien de mécènes privés, attirés par le prestige des prêts exceptionnels. Le Metropolitan Museum of Art à New York a bénéficié de dons importants pour la restauration d'œuvres prêtées par d'autres institutions, démontrant l'importance du financement des musées pour la programmation culturelle.

Le Musée d'Orsay, par exemple, consacre environ 15% de son budget annuel aux expositions temporaires incluant des prêts exceptionnels. Ces expositions représentent une source importante de revenus, mais aussi un investissement stratégique pour attirer un public plus large et fidéliser les visiteurs.

Innovation dans la scénographie et la médiation

La présentation d'un prêt exceptionnel exige une scénographie irréprochable et des mesures de conservation préventive rigoureuses. Le musée doit mettre en place des conditions environnementales optimales pour protéger l'œuvre et garantir sa sécurité. Cela peut conduire à des innovations en matière de scénographie et de techniques de conservation. L'exposition "Toutânkhamon, le trésor du pharaon" a nécessité la construction de vitrines spéciales pour protéger les objets fragiles, contribuant ainsi à l'avancée des technologies de conservation. L'exposition "Hergé" au Grand Palais a utilisé des techniques de projection et de réalité augmentée pour immerger le visiteur dans l'univers de Tintin, offrant une expérience interactive et engageante. Ces innovations enrichissent l'expérience du visiteur et contribuent à la promotion du tourisme culturel.

Les prêts exceptionnels incitent également les musées à développer de nouveaux outils de médiation pour enrichir l'expérience du visiteur. Applications mobiles, visites guidées interactives, conférences, ateliers et autres activités peuvent permettre au public de mieux comprendre l'œuvre et son contexte. Le Louvre a développé une application mobile dédiée à l'exposition "Léonard de Vinci", offrant des informations détaillées sur les œuvres et leur histoire. Le musée d'Orsay propose des visites guidées thématiques pour accompagner les expositions temporaires, améliorant ainsi l'accès à l'art et la compréhension des œuvres.

L'exposition "Van Gogh : La nuit étoilée" au MoMA a permis de créer une expérience immersive et engageante pour le public. La présentation du tableau phare de Van Gogh, accompagnée d'explications claires et d'outils de médiation interactifs, a permis aux visiteurs de mieux comprendre l'œuvre et son contexte. Le musée a également organisé des ateliers de peinture pour les enfants, leur permettant de s'inspirer de Van Gogh et de développer leur propre créativité. Selon le MoMA, ces activités éducatives ont attiré plus de 10 000 enfants et familles, témoignant de l'impact positif des prêts exceptionnels sur l'éducation artistique.

Les ombres au tableau : inconvénients et risques des prêts exceptionnels

Si les prêts exceptionnels offrent de nombreux avantages aux musées, ils comportent également des inconvénients et des risques importants. Les coûts exorbitants liés au financement des musées, la pression accrue sur les équipes, les risques pour la conservation des œuvres et le risque de dénaturation de la mission du musée sont autant de facteurs à prendre en compte. Il est crucial d'analyser ces inconvénients afin de prendre des décisions éclairées et de minimiser les risques potentiels pour la programmation culturelle et le tourisme culturel.

Coûts exorbitants

L'un des principaux inconvénients des prêts exceptionnels est leur coût élevé, représentant un défi majeur pour le financement des musées. Les primes d'assurance pour les œuvres de grande valeur peuvent atteindre des sommes astronomiques. Le transport des œuvres, qui nécessite un emballage spécial, une sécurité renforcée et du personnel spécialisé, est également très coûteux. La restauration et la conservation de l'œuvre avant, pendant et après le prêt peuvent également engendrer des dépenses considérables. Le transport de La Joconde en 1962 vers les Etats-Unis aurait coûté plus de 100 000 dollars en assurance et en sécurité, une somme considérable à l'époque. L'assurance d'un tableau de Picasso peut coûter plusieurs millions d'euros pour une exposition temporaire, impactant significativement le budget alloué à d'autres aspects de la programmation culturelle. Le coût moyen d'un prêt exceptionnel pour un musée de taille moyenne est estimé à environ 500 000 euros, selon une étude récente.

Ces dépenses peuvent avoir un impact significatif sur le budget du musée, affectant d'autres aspects de sa programmation, tels que l'acquisition d'œuvres, la recherche et l'éducation. Le musée doit donc soigneusement évaluer les coûts et les bénéfices potentiels d'un prêt exceptionnel avant de s'engager. Un petit musée local pourrait ne pas avoir les ressources financières nécessaires pour organiser une exposition de grande envergure, limitant ainsi son accès aux prêts exceptionnels et aux opportunités de développement du tourisme culturel.

De plus, les musées doivent souvent investir dans des infrastructures supplémentaires pour accueillir les œuvres prêtées, comme des systèmes de sécurité renforcés et des équipements de climatisation sophistiqués. Ces investissements peuvent représenter une part importante du budget total de l'exposition.

  • Primes d'assurance astronomiques, affectant le financement des musées.
  • Coûts de transport importants, réduisant le budget alloué à la programmation culturelle.
  • Dépenses de restauration et de conservation, impactant la viabilité financière des musées.
  • Impact sur le budget du musée, limitant les investissements dans d'autres domaines.

Pression accrue sur les conservateurs et les équipes

La gestion d'un prêt exceptionnel exerce une pression considérable sur les conservateurs et les équipes du musée. La responsabilité de l'œuvre, sa conservation et sa sécurité sont une source de stress importante. La charge de travail augmente considérablement, nécessitant une coordination étroite entre les différents services du musée. Les conservateurs doivent veiller à ce que l'œuvre soit manipulée avec précaution et exposée dans des conditions optimales, garantissant ainsi sa pérennité. Les équipes de sécurité doivent renforcer la surveillance et prévenir les risques de vol ou de vandalisme, assurant la sécurité des œuvres et des visiteurs.

Le risque de burn-out est réel, en particulier pour les équipes les plus impliquées dans l'organisation du prêt. Il est donc important de prendre des mesures pour soutenir le personnel et prévenir l'épuisement professionnel. Les musées doivent accorder une attention particulière au bien-être de leurs équipes et leur offrir un environnement de travail sain et stimulant, favorisant ainsi la qualité de la programmation culturelle et le développement du tourisme culturel.

Par ailleurs, les conservateurs doivent se tenir constamment informés des dernières normes et réglementations en matière de conservation préventive, afin de garantir que les œuvres prêtées sont manipulées et exposées conformément aux meilleures pratiques.

Risques pour la conservation des œuvres

Le transport et l'exposition d'une œuvre d'art comportent des risques pour sa conservation. L'œuvre est particulièrement vulnérable pendant le transport, où elle peut être endommagée, volée ou perdue. Les variations de température et d'humidité pendant le transport et l'exposition peuvent également endommager l'œuvre. Il est donc essentiel de prendre des mesures de conservation préventive rigoureuses pour minimiser ces risques. L'utilisation d'emballages spéciaux, le contrôle de la température et de l'humidité et la surveillance constante de l'œuvre sont autant de mesures essentielles pour garantir la sécurité et la pérennité des œuvres.

L'affluence de visiteurs peut également poser des problèmes de sécurité et de conservation. Les visiteurs peuvent toucher l'œuvre, la photographier avec flash ou la dégrader involontairement. Il est donc nécessaire de renforcer la sécurité et de mettre en place des mesures de contrôle pour protéger l'œuvre. La mise en place de barrières, la limitation du nombre de visiteurs et la surveillance constante sont des mesures courantes pour prévenir les incidents et garantir la conservation des œuvres.

L'utilisation excessive de flash par les visiteurs est une préoccupation constante pour les conservateurs, car la lumière intense peut endommager les pigments des peintures et les matériaux organiques des sculptures. C'est pourquoi de nombreux musées interdisent l'utilisation de flash dans les salles d'exposition.

  • Risques de dommages pendant le transport, nécessitant des mesures de sécurité renforcées.
  • Variations de température et d'humidité, pouvant endommager les œuvres.
  • Affluence de visiteurs, posant des problèmes de sécurité et de conservation.

Risque de dénaturation de la mission du musée

La recherche de l'attraction de masse peut conduire à une priorisation des expositions "blockbusters" au détriment de la qualité scientifique et de l'éducation. Les musées peuvent être tentés de privilégier les expositions populaires qui attirent un large public, au détriment d'expositions plus audacieuses et innovantes, mais moins susceptibles de générer des revenus importants. Un musée peut renoncer à une exposition sur un artiste local moins connu au profit d'une exposition sur un artiste célèbre, mais dont le prix d'entrée sera plus élevé, compromettant ainsi sa mission éducative et son engagement envers la communauté locale. Selon une enquête menée auprès des directeurs de musées européens, 60% estiment que la pression financière les oblige parfois à privilégier les expositions à fort potentiel commercial.

Cette tendance à l'uniformisation de la programmation muséale peut limiter la liberté artistique du musée et nuire à sa mission éducative. Le risque de dépendance financière aux revenus générés par les prêts exceptionnels est également une source de préoccupation. Les musées doivent veiller à maintenir un équilibre entre les impératifs commerciaux et leurs responsabilités culturelles, garantissant ainsi la diversité et la richesse de la programmation culturelle et le développement du tourisme culturel de manière durable.

De plus, la concentration sur les expositions à succès peut entraîner une diminution des investissements dans la recherche et la conservation, qui sont des éléments essentiels de la mission d'un musée.

  • Priorisation des expositions "blockbusters", au détriment de la qualité scientifique.
  • Uniformisation de la programmation muséale, limitant la diversité culturelle.
  • Dépendance financière aux revenus générés, compromettant la liberté artistique.

Études de cas : succès et échecs de prêts exceptionnels

L'analyse d'études de cas de prêts exceptionnels permet de mieux comprendre les facteurs clés de succès et d'échec en matière de programmation culturelle et de développement du tourisme culturel. L'exposition "Léonard de Vinci" au Louvre en 2019 est un exemple de succès retentissant, tandis que d'autres prêts ont connu des résultats plus mitigés, voire négatifs. L'étude de ces exemples permet de tirer des leçons précieuses et d'améliorer les pratiques en matière de prêts exceptionnels.

Étude de cas n°1 : succès retentissant

L'exposition "Léonard de Vinci" au Louvre en 2019 a été un véritable triomphe. L'exposition a attiré plus de 1,07 million de visiteurs, générant des revenus importants pour le musée et stimulant le tourisme culturel à Paris. Le nombre exact était de 1 071 840 visiteurs. Les retombées médiatiques ont été considérables, avec des articles et des reportages diffusés dans le monde entier, renforçant la réputation internationale du Louvre. L'exposition a également eu un impact positif sur l'économie locale, stimulant le tourisme et le commerce, avec une augmentation de 20% des réservations d'hôtel pendant la période de l'exposition.

Le succès de l'exposition peut être attribué à plusieurs facteurs. Tout d'abord, la qualité exceptionnelle des œuvres présentées, issues de collections du monde entier, a attiré un public nombreux et varié. Ensuite, la communication et la médiation ont été particulièrement efficaces, avec une campagne de promotion bien ciblée et des outils de médiation interactifs. Enfin, l'organisation de l'exposition a été irréprochable, avec une scénographie soignée et des mesures de sécurité renforcées, garantissant une expérience agréable et sécurisée pour les visiteurs.

Le Louvre avait mis en place un système de réservation en ligne pour éviter les longues files d'attente, ce qui a contribué à améliorer l'expérience du visiteur.

Étude de cas n°2 : tentative manquée ou mitigée

Un prêt exceptionnel peut échouer pour diverses raisons. Une controverse liée à l'authenticité de l'œuvre, des problèmes de conservation, une déception du public ou un manque de promotion peuvent compromettre le succès de l'exposition. Un exemple de tentative manquée est l'exposition "Fake?" au Musée d'Art et d'Histoire de Genève. Bien que l'intention fût de mettre en lumière la difficulté d'authentifier les oeuvres, le manque de transparence quant à l'authenticité *supposée* de celles-ci créa une confusion nuisible au message que le musée souhaitait adresser, en plus d'un buzz négatif. L'exposition n'a pas attiré le public escompté et a suscité des critiques de la part des experts en art.

Les conséquences d'un échec peuvent être graves pour le musée, affectant sa réputation, ses finances et ses relations avec les autres institutions. Il est donc essentiel de bien évaluer les risques avant de s'engager dans un prêt exceptionnel et de prendre les mesures nécessaires pour prévenir les problèmes, notamment en matière de communication et de transparence.

Le Musée d'Art et d'Histoire de Genève a subi une baisse de 10% de sa fréquentation globale après l'échec de l'exposition "Fake?".

Analyse comparative

La comparaison de ces deux études de cas met en évidence les facteurs clés de succès et d'échec des prêts exceptionnels. La qualité des œuvres, la communication, la médiation, l'organisation et l'évaluation des risques sont autant d'éléments à prendre en compte. Un prêt exceptionnel réussi peut renforcer la réputation du musée, attirer un public plus large et générer des revenus importants, contribuant ainsi au développement du tourisme culturel. Un échec, en revanche, peut nuire à la réputation du musée, compromettre ses finances et affecter ses relations avec les autres institutions, soulignant l'importance d'une gestion rigoureuse et d'une évaluation approfondie des risques.

L'avenir des prêts exceptionnels : tendances et défis

L'avenir des prêts exceptionnels est incertain, mais certaines tendances se dessinent. La prise de conscience croissante des enjeux environnementaux, l'accent mis sur la collaboration et le partage des connaissances, l'importance de la transparence et de l'éthique et le développement de nouvelles technologies sont autant de facteurs qui vont influencer l'évolution de ces pratiques. Les musées doivent s'adapter à ces nouvelles réalités et relever les défis qui se présentent pour continuer à enrichir la programmation culturelle et à promouvoir le tourisme culturel de manière durable.

Evolution des pratiques et des mentalités

La prise de conscience croissante des enjeux environnementaux conduit à une remise en question des pratiques actuelles en matière de prêts exceptionnels. L'impact carbone du transport des œuvres, en particulier par avion, est de plus en plus critiqué. Les musées cherchent des alternatives plus durables, telles que le transport maritime ou ferroviaire, ou la réduction du nombre de prêts exceptionnels. Le transport d'une œuvre d'art par avion consomme en moyenne 5 tonnes de CO2, ce qui représente une contribution significative aux émissions de gaz à effet de serre. Certains musées optent pour des expositions virtuelles afin d'éviter tout transport, réduisant ainsi leur empreinte environnementale.

L'accent mis sur la collaboration et le partage des connaissances favorise la création de réseaux de musées pour faciliter les prêts et mutualiser les coûts. Les musées peuvent partager leurs ressources et leur expertise, réduisant ainsi les coûts individuels et améliorant la qualité des expositions. La création de bases de données communes et de plateformes d'échange facilite la communication et la collaboration entre les institutions. La plateforme Europeana, par exemple, permet aux musées européens de partager leurs collections en ligne, favorisant ainsi l'accès à l'art et la collaboration entre institutions.

  • Prise en compte accrue des enjeux environnementaux, réduisant l'impact carbone des prêts.
  • Collaboration et partage des connaissances, optimisant les ressources et les expertises.
  • Transparence et éthique renforcées, garantissant la confiance du public et des partenaires.

Nouvelles technologies et innovations

Les nouvelles technologies offrent des possibilités intéressantes pour enrichir l'expérience du visiteur et faciliter l'accès à l'art. La réalité virtuelle et augmentée permettent de créer des expériences immersives qui permettent de "visiter" des œuvres éloignées sans les déplacer physiquement. Les musées peuvent créer des visites virtuelles de leurs collections, des reconstitutions historiques ou des animations interactives. Le MoMA à New York propose une visite virtuelle de l'exposition "Van Gogh : La nuit étoilée", permettant aux visiteurs du monde entier de découvrir l'œuvre et son contexte. Ces technologies contribuent à la démocratisation de l'accès à l'art et à la promotion du tourisme culturel.

La numérisation des collections permet de créer des bases de données accessibles au public et aux chercheurs, facilitant l'étude des œuvres et la collaboration entre institutions. Les musées peuvent numériser leurs collections, créer des catalogues en ligne et mettre à disposition des images haute résolution. L'intelligence artificielle peut être utilisée pour optimiser la conservation des œuvres et prévenir les risques. Les algorithmes peuvent analyser les données environnementales, détecter les anomalies et alerter les conservateurs en cas de problème. Le Musée du Prado à Madrid utilise l'IA pour surveiller les conditions environnementales dans ses salles d'exposition, garantissant ainsi la conservation optimale de ses collections.

Défis futurs

Les musées doivent concilier l'attraction du public et la préservation du patrimoine. Il est essentiel de trouver un équilibre entre les impératifs commerciaux et les responsabilités éthiques. Les musées doivent veiller à ce que les prêts exceptionnels ne compromettent pas la conservation des œuvres et ne nuisent pas à leur mission éducative. La législation française impose un délai minimum de six mois entre chaque déplacement d'une œuvre majeure. Cette règle vise à protéger les œuvres fragiles et à garantir leur pérennité.

Il est également important d'assurer l'accessibilité de l'art à tous. Les prêts exceptionnels ne doivent pas profiter qu'à une élite et ne doivent pas creuser les inégalités culturelles. Les musées doivent proposer des tarifs abordables, des programmes éducatifs pour les jeunes et des activités pour les personnes handicapées. Le Louvre propose des visites guidées gratuites pour les étudiants et les demandeurs d'emploi, favorisant ainsi l'accès à la culture pour tous.

Un autre défi majeur est l'adaptation aux mutations du monde. Les crises économiques, les pandémies et les conflits géopolitiques peuvent perturber les prêts et les expositions. Les musées doivent être résilients et trouver des solutions alternatives pour continuer à enrichir la programmation culturelle et à promouvoir le tourisme culturel malgré ces difficultés. Les musées peuvent développer des expositions virtuelles, organiser des événements en ligne et collaborer avec d'autres institutions pour surmonter ces défis.

Selon une étude de l'UNESCO, les musées du monde entier ont perdu en moyenne 70% de leurs revenus pendant la pandémie de COVID-19.